Pour une concurrence juste

Pour que le commerce mondial soit réellement durable, il faut garantir une concurrence juste en imposant des règles identiques pour tous les acteurs. La régulation des échanges internationaux par l’application du protectionnisme, est le seul moyen de garantir une économie respectueuse des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux.

Définitions de la concurrence

La libre concurrence prônée par le libre-échange est le régime économique « dans lequel les prix ne sont pas contrôlés par les pouvoirs publics, où la création des entreprises privées demeure libre et où les pouvoirs publics n’interviennent essentiellement que pour garantir le libre jeu de la compétition entre les entreprises. » Or l’absence de règles dans cette compétition entraîne de fait une situation de non concurrence.

La concurrence est une compétition entre plusieurs acteurs économiques, producteurs ou commerçants. Comme dans toute compétition, pour que la concurrence soit juste, il faut des règles identiques pour tous les acteurs. Les coûts doivent être basés sur la même économie locale ou nationale. Les normes environnementales et sociales ne peuvent pas être différentes.

Si ces règles ne sont pas les mêmes (on ne parle pas ici d’équivalence, mais on utilise le terme d’identique), il faut des mesures de correction:
• si les coûts de production ne sont pas identiques, il faut introduire des taxes
• s’il s’agit de différences sur le plan technique (normes de fabrication, normes environnementales ou sociales), le produit ne doit pas être autorisé à entrer tel quel sur le marché.

La seule politique qui applique ces mesures de correction est le protectionnisme.

Libre marché = non concurrence

Sans régulation des échanges, se développent deux situations de non concurrence ou marché inéquitable:
• la libre concurrence qui devrait s’intituler uniquement le libre marché car il n’y a pas concurrence. seules la loi du plus fort et l’iniquité sont appliquées. C’est la politique prônées par l’OMC et tous les adeptes du libre-échange.
• la concurrence déloyale qui est la tromperie.

Aujourd’hui les lois sur la concurrence en Suisse et dans tous les pays ayant adhéré à la politique de libre-échange sont des lois sur le libre marché. Le libre marché est un marché non concurrentiel parce qu’il ne respecte pas les principes de la concurrence.
Le libre marché institue l’alignement de tous les pays signataires des accords de libre-échange. Chaque accord a ses règles sur les mesures non tarifaires qui sont les normes techniques et environnementales. Chaque accord a ses exigences en matière d’abaissement des mesures tarifaires qui sont les taxes. Ces dernières sont un reste de nos politiques protectionnistes qui ont fait la prospérité de tous les pays qui les ont appliquées.

L’alignement dans le cadre des accords de libre-échange est un ordre de marche vers la suppression de ce qu’ils appellent « les entraves au commerce ». En Suisse la loi sur les normes a pour titre « Loi sur les entraves techniques au commerce ».

Nous acceptons collectivement les règles de la circulation et mesures de sécurité pour le bien de tous les usagers de la route. Personne ne demande la suppression des passages piétons pour « entrave à la circulation »! Alors pourquoi refuser des mesures pour une concurrence juste dans les échanges commerciaux?

Marché en roue libre

Le libre marché ou libre-échange est une politique d’encouragement à consommer en mettant des produits sur le marché à des prix tuant toute concurrence. Cet encouragement à consommer à un impact très important sur les ressources naturelles de la planète.

La majorité de ces biens ne sont pas durables, pas réparables, pas réutilisables et pas recyclables. Ils sont une importante source de pollution avec la multiplication des transports de marchandises sur des milliers de km. Certains biens font plusieurs fois le tour du monde: extraction des matières premières, fabrication des composantes, assemblage ou confection, livraison, etc.

Du fait de leur qualité et de leur valeur, ces biens sont souvent des déchets immédiats. L’exemple du textile est criant avec la fast fashion qui multiplie les nouveaux modèles sur le marché à un rythme délirant. Avec des prix très bas les consommateurs se ruent dessus pour souvent ne même pas les porter et le marché du textile est devenu un des plus polluants.

Selon les dogmes du libre marché, chaque pays devrait se spécialiser dans le domaine d’activité où il est le plus efficace ; suivant les critères que Ricardo appelle « les avantages comparatifs ». La production est délocalisée, déplacée dans les pays où le coût et les conditions sont les plus favorables. Cela crée une situation de non concurrence, puisque les acteurs locaux ne peuvent pas entrer en compétition à cause de leurs propres coûts de production, charges salariales, normes environnementales, etc.

Pour être durable, le commerce mondial devrait obéir à une loi basée sur la concurrence dans sa forme absolue. Cette loi doit absolument se rapporter à une définition juste de la concurrence et des conditions qu’il faut réunir pour qu’elle s’exerce correctement et de manière juste.

Commerce équitable

Le principe du commerce équitable en s’appuyant sur des chaînes commerciales plus courtes et transparentes, permet aux producteurs et productrices de vivre décemment de leur travail et d’être acteurs et actrices de leur modèle de développement. Le commerce équitable encourage le partenariat entre les acteur·ices selon des critères de transparence, responsabilité, prix juste aux producteur·ices, conditions de travail décentes, préservation des ressources et protection de l’environnement.

Pour une concurrence juste, il faut imposer à tous les acteurs du marché le respect des normes sociales et environnementales du commerce équitable ; et compenser le déséquilibre des coûts de production par des taxes à la frontière. Le protectionnisme est la seule politique à même de l’imposer au niveau national.

Au niveau international, il faut que l’OMC reconnaisse le droit à chaque pays ou peuple d’imposer des mesures de régulation des échanges basées sur les principes et valeurs du commerce équitable couplées à une politique protectionniste et de non-alignement. Les mesures tarifaires et non tarifaires exprimées sont du ressort de chaque pays.

C’est le seul moyen de garantir une économie durable, respectueuse des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux de toutes et tous.