Liberté et libre-échange
"Notre liberté s'arrête là où commence celle des autres" [John Stuart Mill]. Cette citation exprime bien le fait qu’il ne peut y avoir de liberté sans respect et conscience. Or le libre-échange nous vend une notion dévoyée de la liberté: la liberté de commercer tout en surconsommant les ressources et en bafouant les droits des peuples. Une liberté dénuée de conscience et de respect des autres et de l'environnement.
Libre consommation ...en roue libre
Chaque consommateur·ice a le libre choix entre des produits respectant les normes socio-environnementales et des produits qui ne les respectent pas du tout. L’exemple le plus parlant est celui des tomates: sur les mêmes étalages de supermarchés on trouve des tomates cultivées par des ouvriers dans des conditions de quasi-esclavage, juste à côté des produits locaux qui respectent le droit des travailleur·es, ainsi que des normes sanitaires et environnementales plus contraignantes.
La liberté de consommer détruit la planète en épuisant ses ressources et en créant des montagnes de déchets polluants. Le libre-échange multiplie les transports de marchandises d’un bout à l’autre de la planète. Les moyens de transport utilisés sont très polluants: navires fonctionnant aux huiles lourdes ou avions gros consommateurs de carburant, qui plus est non taxé….
Notre rêve: pouvoir faire les courses sans lunettes, parce que le droit serait respecté et qu’il serait possible d’acheter sans devoir lire les informations sur les étiquettes. Nous voulons que les choix qui ont été faits dans notre pays en matière de respect des travailleur·euses et de respect de l’environnement soient imposés à tous les produits importés (exemple référendum Cassis de Dijon).
La frontière comme passage d'une société à une autre
Le libre-échange a colonisé les esprits avec l’idée qu’il faut se débarrasser des frontières et tout mettre en œuvre pour faciliter le commerce. Mais cette «liberté» nous est vendue en faisant l’impasse sur l’impact de cette ouverture des frontières. La majorité de la population ne perçoit plus la question transfrontalière que sous l’angle de la circulation des personnes. Or de part et d’autre d’une frontière on trouve des sociétés avec des économies différentes, un pouvoir d’achat différent, des manières de produire et des pratiques sociales et environnementales différentes.
Ne pas prendre en compte ces différences entre les sociétés voisines a un impact à plein de niveaux : sur les entreprises, les salaires, les déchets, l’environnement, etc.
Le premier effet pervers de la liberté de circulation des marchandises c’est la distorsion de concurrence. Si la frontière n’existe presque plus pour les produits, elle existe bel et bien pour les producteur·ices dont les coûts et les exigences de production ne sont pas les mêmes.
Distorsion de la liberté
Cette distorsion de concurrence a également un impact sur nos libertés individuelles et collectives, puisque le citoyen n’a plus aucun moyen de se faire entendre. On nous bassine que « le consommateur est roi » mais en réalité nous avons perdu tout contrôle sur les conditions de production de ce que nous consommons.
Et au niveau mondial les populations victimes du système ont perdu toute possibilité de défendre leurs droits face aux multinationales surpuissantes. C’est grâce à la dérégulation induite par le libre-échange que ces entreprises ont emmagasiné des profits colossaux et un pouvoir de décision supranational.
D’un côté en tant qu’individus nous sommes de plus en plus surveillés à plein de niveaux ; et de l’autre ces immenses groupes financiers planent librement au-dessus des lois. Pendant que nous subissons des contrôles à n’en plus finir, ces multinationales ont le droit d’aller racler le fond des océans pour gaspiller des ressources et nous vendre des appareils à bas prix, sans aucune considération pour la population mondiale et les générations futures qui en subiront les conséquences.
Le libre-échange impacte nos libertés fondamentales: nous n’avons que peu de moyens à nous faire entendre, nous sommes impuissants face au pouvoir démesuré des multinationales.
Liberté économique pour qui?
La liberté économique est la capacité fondamentale qu’ont les membres d’une société de procéder entre eux à des échanges de nature économique.
En Suisse beaucoup refusent de modifier des lois à cause de la sacro-sainte liberté économique. Les gens craignent que des contraintes économiques ne restreignent leur liberté individuelle.
Or une société ne peut fonctionner qu’avec des conventions sur les limites de la liberté individuelle acceptées collectivement. Pour que la liberté de chacun·e soit respectée, il faut des conventions entre les un·es et les autres, des règles visant l’intérêt général. Par exemple les règles de circulation routière sont communément acceptées depuis longtemps, de même pour les conventions salariales, etc. Pourquoi refusons-nous une convention sur les prix des produits, alors qu’ils ont une influence directe sur la vie de chacun?
Le tissu social se noue dans le respect des autres, respect basé sur ces conventions définies par tous. Chaque personne y joue un rôle et a conscience de sa valeur. Mais le libre-échange a défait ces liens essentiels en s’attaquant au tissu économique local. Et au lieu de parler du rôle de chaque personne, on ne parle plus que d’employabilité et de chômage. Et au lieu d’être des citoyen·nes nous ne sommes plus que des consommateur·ices.
L’économie aujourd’hui ne fonctionne que pour elle-même, pour faire un maximum de profits. Nous voulons que l’économie retrouve sa vocation première qui est de subvenir aux besoins de chacun·e.
Pour une économie de proximité
Nous devons reprendre le contrôle sur l’économie, afin d’assurer la production des biens essentiels. Il faut donc produire plus localement et cela ne concerne pas uniquement les produits alimentaires, mais tous les autres secteurs (machines, construction, etc.)
Une économie qui favorise l’activité de proximité est une économie qui facilite le sociétal. Elle rapproche les gens, chacun·e a conscience de son rôle dans ce tissu économique. En étant confronté au travail des producteur·ices locaux, chacun·e reprend également conscience de la valeur des choses: la valeur des produits, mais aussi au sens large la valeur de tout ce qui nous entoure (la nature qui nous nourrit, les liens que chacun·e construit autour de soi). Contrairement à notre société qui a perdu le sens des valeurs, où la seule chose qui compte c’est « acheter pas cher » sans aucune considération ni pour les personnes les produisant, ni pour l’environnement.
Dans une économie de proximité, la liberté individuelle de chacun n’en devient que plus large: des conventions garantissant un niveau de salaire permettent le respect de l’autre ; des conventions sur les échanges commerciaux permettent un respect des partenaires et concurrent·es ; etc. Actuellement de nombreuses communes cherchent à recréer ce lien social perdu (par exemple via des programmes de gestion collective du compostage par quartier, des marchés de rue, etc). Mais ces efforts sont entravés par la dérégulation en vigueur qui a largement entamé le tissu économique local. Le seul moyen de retisser durablement ces liens, c’est de réintroduire des règles protégeant la production locale.
Liberté à vivre dans un environnement de qualité
Pour l’avenir de la planète, nous devons vraiment diminuer la croissance et la consommation. Au lieu que notre consommation soit uniquement guidée par le plaisir, nous devons tendre vers une consommation de qualité, c’est à dire une consommation qui a le moins d’impact négatif possible sur la nature et les humains.
Il faut revenir à une société du respect des autres, une société qui utilise les ressources de manière à impacter le moins possible les autres. Une société qui respecte la liberté de chacun·e à jouir d’un environnement de qualité, environnement au sens large de tout ce qui nous entoure, humains et nature.
Liberté et valeurs collectives
L’économie doit se reconnecter à l’intérêt des populations et jouer à nouveau son rôle sociétal de satisfaction des besoins de tous.
Dans le fond, il s’agit d’une question morale: quelles sont nos valeurs? À quoi tenons-nous vraiment?
Préférons-nous la surconsommation individuelle « libre » qui broie les individus et détruit l’environnement social et naturel?
Ou une économie de proximité librement choisie collectivement, la seule à même de garantir une qualité de vie à tous?
Cessons de nous définir uniquement comme des consommateur·ices et redevenons des citoyen·nes libres en exigeant des changements législatifs pour reprendre le contrôle de notre économie et assurer aux générations futures un environnement sain et un tissu social épanouissant.
Notre Vision:
< Liberté et libre-échange
> Respecter l’environnement, préserver les ressources
> Pour une politique de non-alignement
> Livre: Le libre-échange remis en cause
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