Paysannes et paysans suisses mettez les drapeaux en berne!

Le gouvernement a décidé hier qu’il était préférable de transformer votre produit en Allemagne plutôt que chez les transformateurs du pays, alors que ces derniers donnent de l’emploi, paient des impôts et soutiennent certainement les sociétés locales. Cette décision va mettre sous pression la filière suisse du lait avec pour résultat une nouvelle baisse de prix à la production et à terme la disparition de cette dernière.

En prenant cette décision, le gouvernement remet en question le sens de la nation ou de la communauté et ne respecte pas le sens de la loi sur l’agriculture. Est-ce que vous paysannes et paysans pouvez encore être fiers d’être suisses?

Le principe du libre marché ébranle de plus en plus la cohésion nationale. Certains profitent largement de la possibilité qui leur est offerte de délocaliser pour payer toujours moins cher des produits qui passeront la frontière avec un minimum de taxe et qui leur permettront de maximaliser leurs marges. Ce système équivaut à un véritable pillage de nos sociétés. on augmente la consommation de biens sans les faire produire chez nous et sans en retirer quelque chose au passage de la frontière. Prenez l’exemple des meubles IKEA qui ne sont pas fabriqués chez nous, donc ils ne génèrent pas d’emploi et pas d’impôt. Ils passent la frontière en payant un minimum de taxe, il n’y a donc pas de bénéfice pour la communauté, pas de redistribution. Les vendeurs des magasins IKEA ont des salaires de base de vendeur, donc des salaires nécessitant des subventions pour le paiement de l’assurance maladie et pour le logement; c’est donc, en partie, la communauté qui participe pour compléter le salaire. résultat: le patron d’IKEA est l’homme le plus riche de Suisse, cherchez l’erreur!

Il y a trop d’exemples comme ce dernier. Nous devons arrêter de supprimer ou de baisser les taxes d’importation, car elles sont à la fois une imposition justifiée et un outil contre le dumping et la concurrence déloyale. Plus nous baissons les taxes et plus nous reportons les charges sur tous les citoyens en favorisant les profiteurs.

Est-ce qu’il y a un autre nom pour qualifier les commerçants qui délocalisent pour exploiter les marocains en Espagne ou les enfants des usines de Chine? Mais attention! Ne nous trompons pas de cible, ces commerçants ne font qu’utiliser les possibilités que nos politiciens leur donnent en déréglementant le marché. Ce sont finalement eux les grands responsables.

Nous devons aussi voir le problème sur le plan de la protection de l’environnement. Nous n’avons jamais eu un printemps avec autant de rapports, plus alarmants les uns que les autres, sur l’état dramatique de notre planète. Les auteurs de ces rapports ne laissent plus aucun doute sur l’origine de l’accélération du réchauffement climatique et sur ses effets.

La dégradation des conditions sociales et de l’environnement plaide en faveur de mesures mettant un frein au principe du libre marché. La liberté s’arrête ou celle de l’autre commence, n’oublions pas cela ! Il ne peut y avoir libre choix quand ce dernier peut porter atteinte aux valeurs qui fondent nos sociétés.

Pour protéger les biens et les valeurs auxquels nous tenons, il faut du courage. Demandons à notre gouvernement de faire preuve de courage.

Vive les produits de proximité et tout ce qu’ils représentent !
Vive la crème et le beurre suisse !

Willy Cretegny

paru dans le Journal d’Uniterre mai 2007