La Coop casse le prix du beurre

Quel plus bel exemple de libre marché pouvons nous avoir que ce dernier acte de la COOP que beaucoup de médias ont pu qualifier de courageux. La COOP ose s’attaquer au monopole du beurre pour le bien des consommateurs. Même la COMCO (commission de la concurrence) applaudi et travaille déjà avec vigueur pour que le Conseil Fédéral permette à la Migros d’aller battre son beurre hors de nos frontières.

Hélas! Personne ne se rend compte que c’est là encore une des conséquences du principe du libre marché que nous pourrions simplement appeler la loi du plus fort ou loi du Fart West.

Est-ce que ceux qui applaudissent cet acte se rendent compte des heures de réunions et d’efforts qu’il a fallu pour qu’un secteur mette en place un organisme de fixation du prix ? Ces efforts ont été consentis pour que le marché soit réglementé de façon à éviter que des voyous ne respectent pas le travail de chacun. On a pu lire que la COMCO intervenait dans le cadre de sa mission de lutte contre les cartels. Combien de temps encore allons-nous nous associer au grand défenseur du libéralisme pour démolir les ententes sur les prix? Bien sûr qu’il y a eu ici ou là des abus, mais ce n’est pas une raison pour jeter à la poubelle les bases d’un commerce juste. Comment créer un commerce juste sans une entente entre les différents partenaires du marché ? Les libraires ont récemment gagné une manche dans ce sens en réussissant à faire reconnaître l’importance du prix unique du livre. A quant le retour du prix unique du beurre, du vin, de la viande et de toutes les marchandises, c’est à dire un prix issu d’une entente entre les partenaires?

Il n’y aura jamais de commerce équitable, ni de paix dans le monde sans une entente; c’est la base d’une société juste.

En permettant à la COOP, comme à d’autre de poser de tels actes, nos politiques – avec leur bras armé qu’est la COMCO – participent directement à la déconstruction de notre Etat de Droit. Comment des défenseurs du droit peuvent-ils souhaiter une société qui méprise le respect? Comment peut-on accepter que la COOP méprise le droit de chacun à gagner sa vie?

Attention, nous devons réagir car le libéralisme est un projet de déconstruction de la société de droit. C’est à Berne que nous devons intervenir, car ce sont nos représentants politiques qui votent les projets de déconstruction.

Willy Cretegny, viticulteur à Genève

paru dans le Journal d’Uniterre janvier 2007